L’enfant, la mort et l’amour

L’enfant, la mort et l’amour

Récit de Jerome Petit, préface d’Edmond Michelet.
Janvier 1962 ; 211 pp ; Aux éditions La Table Ronde; Collection « L’ordre du jour ».

L'enfant, la mort et l'amour

Présentation :

L’univers concentrationnaire est découvert par un jeune garçon que la guerre a surpris dans ses rêves. Dans son petit village de montagne, il aimait à se cacher dans une grotte où il n’aurait pas été étonné de voir surgir ses héros préférés, Zorro et Buffalo Bill. Ils semblent lui apparaître un jour sous les traits concrets de deux maquisards qu’il cache et c’est comme cela qu’il sera emprisonné et envoyé vers l’Est.

Les épreuves auxquelles l’enfant échappe, grâce au « miracle » des bombardements alliés et de la Libération, ont fait de lui un homme. Entre deux scénes d’horreur, il a pressenti l’amour humain à la vue d’une belle dame SS. Aprés la guerre, il s’éprend d’une compagne de rencontre, mais il découvre qu’elle est allemande. Il n’a pas à lui signifier la rupture. C’est elle-même qui, dans une lettre qui termine le livre, renonce à lui, sa nationalité la rendant solidaire des crimes commis.

L’Enfance, la Mort, l’Amour, on trouvera tout cela dans ce livre poignant, au style sobre et précis, d’une psychologie émouvante et sûre.

Préface d’Edmond Michelet

Si l’auteur du beau livre qu’on va lire a demandé à l’actuel ministre de la Justice de lui consacrer quelques lignes de préface, ce n’est sans doute pas pour ajouter un réquisitoire au sien, mais c’est vraisemblablement parce que ce Garde des Sceaux a connu lui aussi la déportation et qu’il s’est efforcé après David Rousset, Martin-Chauffier et tant d’autres, de décrire un des aspects de ce monde concentrationnaire auquel on voudrait ne pas croire.

Des raffinés se sont offusqués naguère de voir l’indomptable petit Etat d’Israël instruire avec sévérité le procès méthodique du gigantesque génocide qui atteignit, au-delà des juifs, des centaines de milliers d’hommes libres. Que ces délicats lisent donc les pages poignantes qui suivent ! Ils y découvriront les départs en wagons à bestiaux surpeuplés, le tri entre les travailleurs des Kommandos sinistres voués à la schlague, à la soupe claire et au pain noir, les condamnés aux chambres à gaz et aux crématoires. Ils y verront aussi les Reviers, simulacres d’hôpitaux où les matrones infirmières soignaient surtout à coup de fouet, les tortures, les viols…

En tant que chrétien, je sais qu’il faut pardonner les injures et c’est pourquoi j’ai particulièrement apprécié le passage de ce témoignage où l’auteur du récit recueille, à travers la fente du Bunker, où agonise un prêtre italien, le dernier passage de celui-ci: « Aimez-vous les uns les autres. » Comme homme politique, je pense qu’il faudra, au-delà de tous les ressentiments attachés aux souvenirs, finir par bâtir l’Europe. Mais « amnistie »ne doit pas être confondu avec « amnésie », ni charité chrétienne avec déni de justice.

Nous devrons donc absoudre après avoir jugé, construire après avoir analysé. La lecture de ce livre s’impose donc d’autant plus que l’intérêt dramatique y est ménagé à travers la monotonie des horreurs. En effet, l’univers concentrationnaire est découvert par un jeune garçon que la guerre a surpris dans ses rêves. Dans son petit village de montagne, il aimait à se cacher dans une grotte où il n’aurait pas été étonné de voir surgir ses héros préférés, Zorro et Buffalo Bill. Ils semblent lui apparaître un jour sous les traits concrets de deux maquisards qu’il cache et c’est comme cela qu’il sera emprisonné et envoyé vers l’Est.

Les épreuves auxquelles l’enfant échappe, grâce au « miracle » des bombardements alliés et de la Libération, ont fait de lui un homme. Entre deux scènes d’horreur, il a pressenti l’amour humain à la vue d’une belle dame S. S. Après la guerre, il s’éprend d’une compagne de rencontre, mais il découvre qu’elle est Allemande. Il n’a pas à lui signifier la rupture. C’est elle-même qui, dans une lettre qui termine le livre, renonce à lui, sa nationalité la rendant solitaire des crimes commis.

L’enfance, la mort, l’amour, on trouvera tout cela dans ce livre poignant, au style sobre et précis, d’une psychologie émouvante et sûre.

Edmond Michelet, Mai 1961.

Témoignage pour une demande en Béatification

Témoignage pour la demande en béatification de notre camarade Edmond Michelet, Président fondateur de l’Amicale des anciens de Dachau et Garde des Sceaux du Général de Gaulle.

Nous avons été, mes Camarades et moi, convoyés in fine à Dachau, en wagons à marchandises et à découvert, depuis le camp de Gross Rosen sous la neige qui tombait dru, au plus fort de l’hiver 1944. Nous y sommes arrivés comme des « stuck » ainsi nous désignaient les gardes SS, c’est-à-dire des morceaux de bois aussi maigres que des tiges! Même les membres de la Hitler-Jugen que nous croisions depuis la gare nous tiraient la langue et nous faisaient des signes démonstratifs de désignés de pendaison.

Nos corps glacés étaient si faibles sur le chemin menant de la gare au camp de Dachau que nous tombions fréquemment à terre! Gare à celui qui restait inanimé! Un coup de revolver accordé par un soldat SS l’achevait aussitôt.

En ce qui me concerne plus ou moins, nous étions nombreux à être atteints du typhus exanthématique: un mal que les poux répandaient sur nous et autour de nous en masse. Ces bestioles nous suçaient le sang et leurs piqûres nous amenaient à l’état de vertige ( de faim) tel que le souhaitait le haut commandement nazi.

Au lieu de cette désespérance qui nous attachait derrière les barbelés électrifiés, un homme habillé en bagnard s’est précipité à l’arrivée de notre convoi. Pour la première fois de notre vie concentrationnaire, quelqu’un nous accueillait avec des mots chaleureux nous apportant un peu de réconfort. Cet homme nous menait à un block et, avec des mots affectueux, nous obligeait à prendre une douche chaude! Les jours suivants, cet homme ne cessa d’aller parmi nous et de nous distribuer de l’un à l’autre des morceaux de bois provenant de châlits qu’il faisait carboniser. Il nous recommandait de les grignoter comme traitement à nous douleurs ventrales intenables qui nous vidaient de toute substance. Ensuite, cet homme qui avait réussi à s’attacher l’admiration des SS nous fit entrer dans le saint des saints d’une baraque de Dachau: le block réservé aux prêtres emprisonnés par les SS où une chapelle montée à la hâte nous assurait un peu de chaleur salvatrice. Cet homme de bien même au milieu de l’enfer, c’était Edmond Michelet, premier résistant de France, dés Juin 1940. A cette date, il transmettait des lettres dans les boîtes aux lettres des habitants pour les inciter à ne pas collaborer avec l’ennemi.

D’autre part, Edmond Michelet s’est employé à sauver le camp de Dachau de la destruction totale ordonnancée par Himmler en tentant d’obtenir des autorités du camp et l’ayant obtenu, leur renonciation à le faire sauter aux explosifs. Ce qui nous aurait exterminé tous d’un coup.

Je dois ajouter encore qu’Edmond Michelet m’entretenait souvent à l’abri, dans la baraque transformée en chapelle, de notre obligation : « si nous sortions vivants de Dachau, d’essayer de faire naître un symbole protecteur contre les exterminations futures… ». Ce symbole nous lui avons donné le jour avec le Général André Delpech en 1995, lors de notre congrès et pendant les exterminations au Kossovo.

A cet égard, nous étions reçu par Ferenc Madl, Président de la Hongrie ainsi que le Comité et nous-même.

Le but recherché était que de par son Aura, la France obtienne un consensus en faveur de la non extermination des peuples de la part de chaque chef d’Etat qui régissent politiquement sur toutes les destinées de tous les pays de la planète.

Marc Boissière

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